Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/235

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quelque temps après, prenant son mantelet de soie, dont elle s’enveloppa à la hâte, elle sortit avec l’homme âge qui avait accompagné madame de Pënâfiel. — Sans doute il la conduisit jusqu’à sa voiture, car il revint bientôt seul.

Je réfléchissais à la signification de cette scène muette, dont j’avais sans doute été le seul spectateur attentif, lorsque M. de Cernay entra dans notre loge et me dit vivement : « Eh bien, est-ce vrai ? madame de Pënâfiel est-elle ici ? Il parait qu’elle est décidément folle de mon assassin ; c’est charmant. On ne parle que de cela ce soir ; le bruit s’en est répandu avec une rapidité toute télégraphique. Mais où est-elle ? Je suis sur qu’elle a l’air de ne pas se douter de ce qu’on dit.

— Il est impossible, en effet, de conserver un maintien aussi indifférent, — répondis-je à M. de Cernay.

Le comte s’avança, la lorgna, et me dit :

— C’est vrai, il n’y a qu’elle au monde pour braver aussi dédaigneusement le qu’en dira-t-on ! Le soir même de la mort de ce pauvre Merteuil, après tous les propos qui courent, car c’est l’entretien de tout Paris… oser venir en grande loge à l’Opéra… ça passe eu vérité toutes les bornes.