Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/245

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dame de Pënâfiel à la sortie de l’Opéra, il était impossible qu’elle put supposer la millième partie des odieux propos dont elle était l’objet.

Je le répète, tout cela était misérable et me laissa dans un état de tristesse navrante. Je venais cependant de passer une journée de cette vie de délices, comme on dit, de cette existence de luxe, que le plus petit nombre des gens même du monde peuvent mener, — et je me trouvais toujours avec un vide effrayant dans le cœur !

Puis, suivant le cours de mes pensées, je comparai cette vie médisante, creuse, stérile et fardée, à l’existence vivifiante, épanouie, généreuse, que je menais à Serval ! Pauvre vieux château paternel ! Horizon paisible et souriant, vers lequel mon âme se tournait toujours lorsqu’elle était chagrine ou meurtrie !

Oh ! quels remords désespérants j’éprouvais en songeant à Hélène, que j’avais perdue par un doute infâme ! à cette noble fille si adorable sous son auréole de candeur, et si chastement bercée dans son atmosphère d’angélique pureté, que rien n’avait jamais ternie ! mais qu’un matin… hélas !… un seul matin, son amour pour moi avait doucement décolorée !… Hélène ! Hélène ! une de ces natures divines qui naissent