Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/249

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guérir sans doute de son amour dans la solitude…

— Vous ne lui avez donc pas présenté Ismaël, ainsi qu’elle vous en avait prié ?

— Impossible, — reprit le comte, — il est sauvage comme un ours, capricieux comme une femme et têtu comme une mule, je n’ai jamais pu le décider à m’accompagner à l’hôtel de Pënâfiel ; aussi, comme je vous le disais, je crois que c’est bien plutôt le dépit que le respect humain qui aura décidé du voyage de madame de Pënâfiel.

J’avoue que ce départ si subit, dans une pareille saison, me paraissait tout aussi étrange que la demande de madame de Pënâfiel à M. de Cernay de lui présenter Ismaël. Aussi, voulant, tout en continuant un sujet d’entretien qui m’intéressait, couper court à des propos qui devenaient aussi incompréhensibles que révoltants, je dis au comte :

« Quel homme était-ce donc que M. le marquis de Pënâfiel ?

— Un très-illustre et très-puissant seigneur d’Aragon, grand d’Espagne et ambassadeur à Rome ; c’est là qu’il vit, pour la première fois, mademoiselle de Blémur, aujourd’hui madame