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CHAPITRE XIV.

UN AMI.


Cinq ou six jours après cette soirée où j’avais vu madame de Pënâfiel à l’Opéra, M. de Cernay entra chez moi un matin de l’air du monde le plus rayonnant.

— Eh bien, — me dit-il, — elle est partie ! Elle a quitté Paris hier ! au cœur de l’hiver : cela vous parait singulier, n’est-ce pas ? Mais il n’en pouvait être autrement ; le scandale avait aussi semblé trop prodigieux. Le monde a des lois qu’on ne brave pas impunément.

— Comment cela ? — lui dis-je. — Pourquoi madame de Pënâfiel a-t-elle ainsi quitté Paris ?

— Il est probable, reprit-il, — que quelques-uns de ses parents, par respect et convenance de famille, l’auront charitablement avertie qu’en attendant que la mauvaise impression causée par sa ridicule et subite passion pour Ismaël et par la mort de Merteuil fût apaisée, il serait convenable qu’elle allât passer quelque temps dans une de ses terres ; contre son habitude, elle aura cédé à ces conseils pour se