Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/26

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avec seulement un cheval de renfort, je l’ai mené à ***, et il y a deux postes et trois bons quarts, en une heure et demie !

— Diable ! — lui dis-je ; — en effet, c’est bien aller.

— Mais attendez la fin, monsieur. La voix du berlingot m’avait dit de ne pas entrer dans le village ; nous arrivons à une hauteur qui est à deux cents pas de ***. Je dételle… pour la dernière fois Délinquant, car il en a été fourbu et en est mort, monsieur, de celle course-là ! et si mort que mou maître m’en a mis à pied pour quinze jours, de façon que cette équipée-là m’a coûté plus de cent écus, à moi, pauvre diable ! Mais vous avouerez aussi, monsieur, que quand on se voit payé à vingt-cinq sous, et qu’on s’entend appeler son bon ami, par un pareil scélérat, c’est à ne plus se connaître.

— Continue, — lui dis-je.

— Enfin, monsieur, je dételle et j’ouvre la portière, croyant trouver mon homme évanoui, ou au moins mort ! car depuis une heure il ne soufflait pas mot ; mais, mille tonnerres ! qu’est que je vois ? Un gaillard qui faisait claquer sa langue contre son palais, comme un coup de jouet, en rebouchant une bouteille de rhum, et