Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/27

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qui me dit alors, d’une grosse voix de poitrine, mais d’un creux qui aurait fait envie à un chantre de cathédrale : — Mon fiston, voilà le moyen d’aller un train de prince et à bon marché ! Depuis Paris, j’ai toujours fait trois lieues et demie à l’heure, sans courrier, et je n’ai jamais payé qu’à vingt-cinq sous. — Et il sauta de la calèche, leste et dégourdi comme un cerf, le monstre qu’il était. »

Je ne pus m’empêcher de rire de ce singulier moyen d’aller vite et à bon marché, et mon guide exaspéré continua :

« Vous comprenez, n’est-ce pas, monsieur, comme on était furieux de n’être payé qu’à vingt-cinq sous, et d’être appelé son bon ami ? Tant plus le vieux roué recommandait d’aller doucement, tant plus, pour se venger et le faire souffrir, on allait un tram d’enfer ; mais, au contraire, tant plus on allait vite, tant plus il jouissait, le vieux misérable ! Hein ! monsieur, en voilà un vrai bandit ? Faut-il être sans cœur pour faire ainsi le malade, quand on est vigoureux, sec et cogné comme un vieux bidet de poste !… Mais ce n’est pas toute l’histoire ; je lui demande où il va, il me répond :

« Attends-moi là ; si je ne suis pas revenu dans une heure, va-t’en.