Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/263

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bêtes fauves, il me faut une solitude et une nuit profonde.

— Mais enfin dans le monde, pour causer, pour vivre, en un mot, de la vie du monde, il vous faut les autres.

— Oh ! les autres pour cela ne peuvent jamais me manquer, pas plus que je ne leur manquerai ; c’est un concert où les plus misérables musiciens sont admis sur le même pied que les meilleurs artistes, et où chacun fait sa note obligée ; mais ces relations-là ne sont plus de l’amitié ; ces liaisons-là sont comme ces plantes robustes et vivaces qui n’ont ni doux parfum, ni couleur éclatante, mais qui sont vertes en tout temps, et qu’on ne craint jamais de froisser ; la preuve de ceci, c’est qu’après tout ce que nous venons de dire là, nous resterons dans les mêmes et excellents termes où nous sommes ; demain nous nous serrerons la main dans le monde, nous causerons des adorateurs de madame de Pënâfiel ou de tout ce que vous voudrez ; et dans six mois nous nous dirons mon cher ; mais dans six mois et un jour, vous ou moi disparaîtrions de cette bienheureuse terre, que vous ou moi serions parfaitement indifférents à cette disparition. Et c’est tout simple, pourquoi en serait-il