Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/265

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— Comment, pas plus que moi ? — me dit le comte de Cernay d’un air évidemment choqué. — Je ne connais pas les femmes ?

— Je crois que ni vous ni personne ne connaissez les femmes d’une manière absolue, — lui dis-je en souriant. — Quel est l’homme au monde qui se connaît ? Quel est celui qui pourrait répondre affirmativement de soi dans toute condition possible ? À plus forte raison qui peut se piquer de connaître, non pas les femmes, mais une seule femme, lors même qu’elle serait sa mère, sa maîtresse ou sa sœur ? Il est évident que je ne parle pas de ces notions à tous venants, sorte de catéchisme banal et traditionnel, aussi faux que stupide, et qui est d’une application tout aussi raisonnable que le serait le secours d’un manuel du beau langage pour répondre à toutes les questions supposables.

— Sous ce rapport vous avez raison, — me dit le comte ; — mais tenez, je suis ravi de vous mettre dans votre tort et en contradiction avec vous-même, parce qu’il s’agit d’une espèce de service que je ne puis vous rendre : vous désirez connaître madame de Pënâfiel ; il faut donc que vous deviez à moi ou à quelque autre votre présentation chez elle.