Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/42

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à cette heure triste, désert, abandonné ; qu’un affreux malheur avait sans doute surpris et écrasé ceux qui s’étaient si doucement reposés dans l’avenir. Le choix même d’un endroit si écarté, aussi loin de toute grande ville, ce luxe, cette recherche de bon goût, témoignaient assez que l’habitant de cette demeure espérait y passer peut-être de longues et paisibles années, dans la sérénité méditative de la solitude, seulement chère aux esprits malheureux, désabusés ou pensifs.

Ces idées m’avaient attristé et longtemps absorbé ; sortant de cette rêverie, je regardai le curé ; il me parut encore plus pâle que de coutume, et semblait profondément réfléchir.

« Rien de plus charmant que cette maison, monsieur ! » lui dis-je.

Il tressaillit brusquement, et me répondit avec politesse, mais toujours avec froideur :

« Cela est charmant en effet, monsieur. — Et poussant un navrant soupir : — Voulez-vous à cette heure visiter L’intérieur de la maison ? — ajouta-t-il.

— La maison est-elle meublée, monsieur ?

— Oui, monsieur, elle est à vendre ainsi que vous l’allez voir, à part quelques portraits qui seront retirés. » Et il soupira de nouveau.