Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/53

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portrait, on le répète, d’une naïveté pleine d’élévation, de charme et de poésie.

À force d’examiner curieusement ces traits d’une perfection si idéale, je trouvai dans le regard une expression qui me rappela la figure d’enfant ; car je me souviens que les yeux de cet ange étaient aussi très-grands et d’un bleu limpide et profond, mais que le bas de son visage et son vaste front rappelaient davantage le portrait d’homme qui m’avait tant frappé.

Je ne sais pourquoi je m’imaginai que cet enfant appartenait à ces deux personnes ; mais où était-il ? où étaient à cette heure son père et sa mère : son père, d’une beauté si fière et si résolue ; sa mère, d’une beauté si douce et si pure ?

Était-ce lui ? était-ce elle ? était-ce tous deux, tous trois, qu’un épouvantable malheur avait frappés ?

« Oh ! me disais-je, si les dehors tant expressifs de la physionomie ne trompent pas, dans quel Éden enivrant devaient vivre ces deux nobles créatures ! Pouvoir vivre ainsi avec un enfant adoré, au milieu de cette délicieuse et profonde solitude, embellie par les trésors de la nature et de l’art !

« Avoir assez la conscience du bonheur et du