Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/54

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beau pour s’isoler au milieu d’un monde de génies de toutes sortes ! Pouvoir, quand la voix du cœur se lait, jouir en silence de cette extase recueillie, et se distraire de ces délices par d’autres délices ; se parler encore d’amour par la voix sublime des divins poètes de tous les âges, ou par L’harmonie céleste des grands maîtres, mélodie ravissante qu’une main chérie fait vibrer à votre oreille ; comparer enfin l’exquise beauté qu’on idolâtre, l’expression inimitable de ses traits, à tous les prodiges de l’art, et se dire avec orgueil : Elle est plus belle !! pouvoir en un mot puiser sans cesse à cette triple source de poésie, et voir son amour, fécondé par cette divine rosée, fleurir chaque jour plus radieux et plus épanoui ! glorifier enfin le Créateur de toutes choses, dans la félicité que nous sentons, dans la femme que nous aimons ! dans les magnificences dont nos yeux et notre âme sont éblouis, oh ! voilà sans doute, me disais-je, voilà la magnifique existence que menaient ces deux êtres ! »

Mais la voix brève et triste de l’abbé me rappela de ces idéalités.

Je tressaillis, et je le suivis, bien décidé à pénétrer ce secret.

Bientôt le soleil s’obscurcit ; la matinée, qui