Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/67

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pendant huit jours elle donna les plus cruelles inquiétudes ; enfin sa jeunesse la sauva.

Je ne vous parle pas non plus, monsieur, de l’affreuse anxiété du comte pendant cette maladie. Une nuit surtout, qu’on désespérait de cette dame, il m’épouvanta… car, par quelques mots qui lui échappèrent… je compris que cette mort qu’il redoutait aurait pu le précipiter de nouveau de la sphère des plus généreux sentiments… dans l’abîme de la plus grande perversité, et dans ce moment je crus à la réalité de tous les bruits qui avaient couru sur le comte.

Enfin, l’Ange Marie revint à la santé ; peu à peu la beauté refleurit sur ce noble et charmant visage, où luttaient sans cesse le remords d’une grande faute et la conscience d’un bonheur assez grand pour lutter incessamment contre te remords… Hélas ! monsieur, j’avais pris la résolution de ne pas retourner dans cette maison, craignant, je vous l’ai dit, de compromettre la gravité de mon caractère ; et pourtant j’y retournai… Sans doute, je fus coupable, mais peut-être trouverai-je une excuse aux yeux de Dieu, car cette femme et le comte étaient si charitables aux malheureux ! Grâce à lui, grâce à elle, je pouvais secourir tant de misères, que Dieu me pardonnera, je l’espère,