Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/69

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Bien qu’il fût comme tacitement convenu entre nous de ne jamais aborder ces formidables questions, si dans le cours de l’entretien il lui échappait quelques paroles à ce sujet, elles semblaient si froidement désintéressées, que j’eusse peut-être préféré, pour son salut, une attaque ou une négation à propos de ces éternelles vérités ; car sa conversion à des principes religieux m’eût peut-être semblé possible un jour, tandis que cette indifférence de glace semblait ne laisser aucun espoir.

Et pourtant sa conduite pratique était la plus ample et la plus magnifique application des principes du christianisme ; c’en était l’esprit sans la lettre. Jamais non plus je n’entendis entre lui et l’Ange Marie aucune conversation religieuse, bien que leur enfant fût pieusement élevé par sa mère dans notre croyance. Souvent néanmoins, j’ai vu le comte les yeux mouillés de larmes, lorsque celle qu’il aimait, joignant les mains de ce petit ange, lui faisait prier Dieu ; mais le comte était, je pense, monsieur, plus touché de la délicieuse figure de cet enfant, et des accents ingénus de sa voix, que des pensées religieuses qu’elle exprimait.

Celte dame avait aussi une instruction solide et variée, un esprit remarquable, et surtout