Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/10

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mun, si cela se peut dire, et les duretés ou les mépris dont ils les accablent souvent en secret et dont ils se font quelquefois hautement gloire, nuisent si peu à ce qu’on appelle une réputation de galant homme… d’homme d’honneur… qu’il se pouvait que M. de Cernay eût en effet toutes les qualités d’un ami solide et vrai. Mais il me fut impossible de ne pas l’accueillir ainsi que je l’avais fait.

Je me louai aussi de lui avoir assez dissimulé mon véritable caractère pour lui en avoir donné une idée absolument fausse ou singulièrement vague.

Il m’a toujours semblé odieux d’être connu ou pénétré par les indifférents, et dangereux de l’être par ses ennemis ou même par ses amis. S’il y a dans l’organisation morale de chacun un point culminant qui soit le départ et le terme de toutes les pensées, de tous les vœux, de tous les désirs ; si enfin, noble ou honteux, il est une sorte d’idée fixe que l’on sent pour ainsi dire battre en soi à toute heure, car souvent on dirait que le cœur se déplace, c’est surtout ce point toujours palpitant qu’il faut peut-être le plus habilement déguiser à la connaissance de chacun, le plus impitoyablement défendre contre toute surprise, car ordinairement là est