Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/103

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si vous m’avez souvent défendue contre la calomnie, jamais vous ne vous êtes fait auprès de moi une sorte de droit de cette noble conduite ; enfin, l’espèce d’isolement dans lequel vous vivez, bien qu’au milieu du monde, votre réserve, votre esprit supérieur qui n’est pas celui des autres, qui est tout entier à vous, qualités et défauts, tout me porte à voir en vous un ami sincère et généreux à qui je pourrai dire ce que je souffre…

Sans m’émouvoir je répondis à madame de Pënâfiel qu’elle pouvait compter sur ma discrétion, d’ailleurs profonde et à toute épreuve, autant par le sentiment du secret que parce que je n’avais personne à qui confier quelque chose. Car, en un mot, — lui dis-je, — on ne commet guère d’indiscrétion qu’avec ses amis intimes, or je ne crois pas qu’on puisse m’en reprocher un ?

— Et c’est cela, — me dit-elle, — qui m’a donné le courage de vous parler comme je vous parle ; car j’ai supposé que vous aussi, vous viviez seul, chagrin et isolé au milieu de tous, comme j’y vis moi-même enfin ! car moi non plus, je n’ai pas d’amis… ! on me hait, on me calomnie affreusement ! Et pourquoi, mon Dieu ? l’ai-je donc mérité ? pourquoi le monde