Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/126

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autre amour méconnu, dédaigné, outragé peut-être, causait seul ces chagrins que vous disiez sans cause.

— Vous avez pu croire cela… vous !… — Et elle leva les yeux au ciel.

— Oui, j’ai cru cela… alors je suis devenu fou de haine, de désespoir ; car chacune de vos confidences m’était une blessure, une insulte.., un mépris… à moi ! à moi qui vous aimais tant !

— Vous avez pu croire cela… vous !… — répéta Marguerite en me regardant avec une pénible émotion, tandis que deux larmes coulaient lentement sur ses joues pales.

— Oui… et je le crois encore…

— Vous le croyez encore !… Mais !… vous me prenez donc pour une infâme ? Mais vous ne savez donc pas ?…

— Je sais, — m’écriai-je en l’interrompant, — je sais que je vous aime comme un insensé… je sais qu’un autre vous fait souffrir peut-être ce que moi-même je souffre pour vous !… Eh bien ! cette pensée me désespère, me tue… et je pars…

— Vous partez ?…

— Ce soir… Je ne voulais plus vous voir… j’avais besoin de tout mon courage… je l’aurai…

— Vous partez !… Mais, mon Dieu !… mon