Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/127

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Dieu… et moi !! — s’écria Marguerite. Et elle joignit les mains avec un geste à la fois suppliant et désespéré, en tombant à genoux sur une chaise placée devant elle.

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Je ne saurais dire l’ivresse que me causèrent ces derniers mots de Marguerite… et moi !

Je crus entendre, non l’aveu de son amour, mais le cri de son âme déchirée qui n’avait plus d’espoir que dans mon affection. Bien que je la crusse toujours sous l’influence d’une passion dédaignée, je n’eus pas le courage de renouveler la scène du matin, pourtant je ne pus m’empêcher de lui dire douloureusement :

— Et ce portrait ?…

— Le voici… — reprit-elle en me présentant le médaillon sous son cristal à moitié brisé.

Lorsque je tins ce portrait entre les mains, j’éprouvai un moment d’angoisse indéfinissable ; j’avais peur de jeter les yeux sur cette figure que sans doute je connaissais ; pourtant, surmontant cette crainte puérile, je regardai… Ces traits m’étaient absolument étrangers ; je vis un noble et beau visage, d’une expression douce et grave à la fois ; les cheveux étaient bruns, les yeux bleus, la physionomie remplie de finesse