Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/133

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mariés. Je ne vous parlerai qu’une lois de mon bonheur pour vous dire qu’il fut immense et partagé… Mais, comme aux yeux du monde les convenances de cette union étaient, je vous l’ai dit, aussi parfaites que possible, le monde ne voulut voir là qu’un mariage absolument de convenances.

— Cela est vrai, c’est du moins ce que j’ai toujours entendu dire ; on ajoutait même que, tout en restant dans les meilleurs termes avec M. de Pënâfiel, votre existence était, ainsi que cela arrive souvent, presque étrangère à la sienne.

— Tel faux, hélas ! tel absurde que fut ce bruit, il devait avoir créance ; car notre bonheur était si simple et si naturel, que le monde, presque toujours étranger aux sentiments vrais, ne pouvait y croire ; puis, nous mettions naturellement, d’ailleurs, une sorte de mystère dans notre félicité : ainsi, comment la société, habituée à vivre de médisance ou de scandale, pouvait-elle un moment supposer qu’une jeune femme et un mari charmant, tous deux d’une position et d’une naissance égales, iraient s’adorer et vivre absolument l’un pour l’autre ? Hélas ! rien n’était plus vrai pourtant…

— Vous ne sauriez croire maintenant com-