Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/132

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goût parfait, des connaissances nombreuses, un tact exquis dans tous les arts, un nom illustre, une grande fortune, et vous le connaîtrez. Je le vis, je l’appréciai, je l’aimai. Rien de plus simple que les incidents de notre mariage ; car toutes les convenances se trouvaient réunies. Seulement, quelque temps après notre première entrevue, il me supplia de lui dire si je l’autorisais à demander ma main, désirant, bien que je fusse absolument libre de mon choix, de m’éviter jusqu’à l’ennui d’une démarche inopportune de la part de mon oncle. Je lui dis naïvement la joie que me causerait sa demande, mais qu’à mon tour j’avais une prière à lui faire, c’était de quitter une carrière qui devait toujours l’éloigner de la France, et de me promettre d’abandonner l’Espagne. Sa réponse fut noble et franche. — Je puis, me dit-il, vous sacrifier avec bonheur mes rêves d’ambition, mais non les intérêts de mon pays. Une fois ma mission accomplie, je retournerai à Madrid remercier le roi de sa confiance, lui rendre compte, je l’espère, du succès de ma négociation, et puis je serai absolument à vous, à vos moindres désirs. — Il agit ainsi qu’il me l’avait dit : il obtint ce que voulait son gouvernement, alla faire à Madrid ses adieux an roi, revint, et nous fûmes