Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/143

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Pauvre Candid ! sa fin a été douce au moins ! il a fléchi sur ses genoux, puis il est tombé ; alors deux ou trois fois il a levé sa noble tête, ouvert encore ses grands yeux si brillants… puis les fermant à demi, poussant un profond soupir, il est mort.

Jamais peut-être je n’ai aimé ni aimerai de la sorte un cheval ; mais il y avait chez celui-ci tant d’intelligence, tant de beauté, tant d’énergie, tant d’adresse, jointe à une intrépidité si franche ! Ne reculant devant rien ; s’agissait-il d’obstacles à la vue desquels bien des chevaux auraient hésité, il arrivait, lui, fier, calme et hardi, et le passait en se jouant… Et puis, ayant toujours l’air si libre et si joyeux sous le frein, on eut dit que ce vaillant animal ne le subissait pas, mais l’acceptait comme une parure.

Pauvre Candid ! c’était mon courage, mon orgueil ! Confiant dans sa force, j’affrontais sans crainte des dangers qui peut-être sans lui m’eussent fait pâlir.

Confiant dans sa vitesse et son opiniâtre énergie, j’acceptais tout pari. — Pauvre Candid ! — sa vitesse, son opiniâtre énergie, c’est ce qui l’a tué.

Seul parmi mes chevaux il pouvait faire ce