Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/151

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soleil. Elle se promenait à pied ; avant de la rejoindre, j’ai pendant quelque temps suivi Marguerite dans l’allée des acacias. Rien de plus élégant que sa démarche, que sa taille, dont on devinait la souplesse et la grâce sous le long châle qui l’enveloppait. Longtemps, bien amoureusement aussi, j’ai regardé ses petits pieds soulever à chaque pas les plis ondoyants de sa robe.

Je l’ai rejointe ; elle a beaucoup rougi en me voyant. — Plus que jamais je suis convaincu de la valeur charmante de ce symptôme. Dès qu’il cesse, dès que la vue de l’objet aimé ne fait plus affluer le sang au cœur et au visage, l’amour vif, ardent et jeune a passé ; — une débile et froide affection lui succède ; — l’indifférence ou l’oubli ne sont pas loin. J’ai pris son bras. — Comme elle s’appuyait à peine sur le mien, je l’ai suppliée d’y peser davantage.

L’air était doux et pur, le gazon commençait à verdir, la violette à poindre ; nous avons d’abord peu parlé. — De temps à autre elle tournait sa figure vers moi, et me regardait doucement avec ses grands yeux qui semblaient nager dans un cristal limpide ; puis bientôt, ses narines roses se dilatant, elle me dit avec une