Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

À dix heures, je suis allé chez Marguerite. J’espérais l’attendre ; car je trouve toujours délicieux d’être quelque temps seul à rêver dans un salon habité par celle qu’on aime, puis de voir l’appartement tout à coup éclairé pour ainsi dire par sa présence. — Je n’eus pas ce plaisir ; — c’était elle qui m’attendait. — Ce triomphe que je remportais sur les longueurs ordinaires et incommensurables de la toilette, cette attention délicate et rare d’être prête pour me recevoir, me charma.

Marguerite était adorable ainsi : elle portait une robe de moire verte, très-pale, garnie de dentelles et de nœuds de rubans roses, d’où s’épanouissaient de grosses roses rosées ; une de ces fleurs dans ses cheveux et une autre au corsage complétaient sa parure. Elle m’avait gracieusement réservé un de ses bracelets à attacher ; je le fis, non sans baiser avec adoration ce bras charmant, si blanc, si frais et si rond.

J’ai voulu savoir les secrets du premier mai. Marguerite m’a dit qu’elle voulait me faire un mystère de ce printemps d’espérance.

Je lui ai raconté ma visite du matin à madame de *** ; nous en avons beaucoup ri, et elle m’a dit être trop heureuse pour penser à la