Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/162

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Une fois notre passion et notre vanité satisfaites par la possession, rien de plus net, de plus tranché que ce que nous éprouvons. Les mieux doués sont encore quelque peu tendres, reconnaissants ; — les autres se trouvent souvent rassasiés et maussades.

Chez certaines femmes, au contraire, par cela que les impressions heureuses et tristes, plus tristes qu’heureuses, qui succèdent à l’ivresse des sens, se contrarient et se heurtent ; en elles la mélancolie prédomine ; car ce qu’elles éprouvent est indéfinissable. C’est à la fois bonheur et désespoir, regrets et espérance, souvenirs brûlants et honteux, amour plus vif, remords terrible, et désir insurmontable de se donner encore.

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Je suis resté longtemps chez Marguerite. Notre conversation a été délicieuse d’intimité. Elle m’a beaucoup parlé de ma famille, de mon père…

Un moment ces pensées, dont j’étais, hélas ! depuis si longtemps déshabitué, m’ont attristé ; je lui ai tout confié : mon oubli, mon ingratitude, et l’indifférence coupable où me laissait sa mémoire…

Alors Marguerite n’a pu s’empêcher de fon-