Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/166

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que de ses ennemies, parce que sans cela, elle, madame de V*, aurait peut-être jeté un grand trouble dans noire amour.

« Comment ? parce que vous êtes son ennemie, vous vous abstenez de cette vengeance ?

— Sans doute, on réserve ordinairement ces bonnes perfidies-là pour ses amies intimes, et c’est très-dommage, — a-t-elle ajouté en riant comme une folle ; — car, si je l’avais bien voulu, je vous aurais rendu en vingt-quatre heures amoureux de moi, mais amoureux à lier.

— Mais c’est fait depuis longtemps, et sans que vous vous soyez donné la moindre peine pour cela, » ai-je dit. Puis, à travers mille galanteries très-empressées, je lui ai vanté le charme de ces amours éphémères, de ces rencontres de cœur, autrefois si communes et si ravissantes, mais de nos jours malheureusement si rares. Rencontres charmantes, sans veille ni lendemain, qui ne laissaient dans la vie qu’un souvenir unique, mais divin.

Je ne suis pas de votre avis, — a-t-elle ajouté toujours fort gaiement ; — en fait de perles…, j’aime mieux un collier qu’une bague. —

— Oui, madame ; mais toutes les perles d’un collier sont égales, d’une forme monotone, tan-