Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/189

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vous aimez, ceux que j’affectionne. L’habitation est petite, mais commode ; le jardin très-grand, très-ombragé, très-esseulé. Notre maison, ne vous moquez pas trop de ces détails de ménage, notre maison se composera de ma femme de chambre, d’une seconde femme qu’elle prendra et d’un homme pour vous. D’avance je me fais une fête de reconnaître, j’en suis sûre, qu’on peut être parfaitement heureux de la vie la plus médiocre, et de juger par nous-mêmes de ces existences modestes dont nous autres riches ne soupçonnons pas même les conditions… en un mot, mon ami, tant que vous ne vous lasserez pas de cette solitude, mon intention est d’y vivre ; et puis, c’est peut-être un enfantillage, mais cet isolement complet de Paris au milieu de Paris m’amuserait au possible, si notre bonheur m’en laissait le temps. D’ailleurs, mon projet ne peut réussir qu’à Paris, car, disparaissant tous deux, le monde aurait bien vite pénétré la vérité ; tandis que, vous y restant, ses soupçons seront déroutés. Mais ce qui sera charmant, ce seront les commentaires sur mon absence, les mensonges de toutes sortes qu’on débitera, et surtout les preuves à leur appui. Mon Dieu ! quand je pense à tout ce que vous entendrez dire, j’envie presque votre place.