Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/188

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à son égard, pourquoi retombai-je alors, et à propos de ce projet de retraite, dans tous mes abominables rêves de méfiance ? Je ne sais, mais, hélas ! j’en subis la douloureuse obsession.

— Une fois établie dans ma maisonnette, — continua madame de Pënâfiel, — je reçois chaque jour mon frère ; ce frère… c’est vous, car vous restez ostensiblement à Paris ; seulement, de temps à autre, vous vous montrez à l’Opéra, dans le monde ; puis, quittant bien vite tous les brillants ennuis de votre élégance habituelle, vous venez modestement ici, chaque jour, passer de longues heures auprès de votre sœur bien-aimée ; toutes les heures enfin que vous laisseront vos apparitions mondaines. Eh bien ! Arthur, que dites-vous de cette folie ? n’est-elle pas charmante ? Oh ! mon ami, si vous saviez la joie d’enfant que je me promets de cette existence si intimement partagée avec vous, de cette obscurité, de ce mystère, de ces longues promenades, de ces soirées passées loin d’un monde importun et jaloux, de ces journées toutes à nous et si diversement remplies ! Car vous ne savez pas, Arthur, nous aurons là un salon où nous trouverons de quoi peindre et faire de la musique ; là seront les livres que