Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/191

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joyeuse espérance ; ne trouvant alors rien de plus révoltant que cette fausseté gratuite, rien de plus sot que mon rôle, si je paraissais croire à ce désir soudain de bonheur ignoré, que j’étais sensé éveiller dans le cœur de Marguerite, concentrant mon dépit haineux en une ironie glaciale, je répondis :

— Sans doute ce projet est du dernier joli, et cette idée de retraite mystérieuse au milieu de Paris me paraîtrait fort originale, si je ne savais que c’est une redite… Or, quant à moi, dans certaines circonstances, je les trouve insipides.

— Mon Dieu, avec quelle froideur vous accueillez ma proposition ! — me dit tristement Marguerite en s’apercevant enfin du changement de mes traits ; — moi qui croyais vous voir partager ma joie !… moi si heureuse, si profondément heureuse de cet avenir de bonheur et de mystère !

— Cette joie imperturbable prouve du moins la fraîcheur toujours renaissante de vos sensations ; sans cela, vous seriez, ce me semble, un peu blasée sur cette espèce de bonheur et de mystère-là…

— Que voulez-vous dire ?

— Je veux dire que cette retraite ne sera pas