Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/192

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témoin pour la première fois de ces amours secrets et passionnés dont je dois être le héros… à mon tour.

— En vérité, je ne vous comprends pas, Arthur ; expliquez-vous… Tenez, je ne sais pas pourquoi, mais vous me glacez…

— Vous voulez que je m’explique ?…Eh bien ! soit. Se faire dire certaines choses qu’on sait à merveille est une fantaisie comme une autre, par exemple, comme celle d’éprouver successivement ses amants par la solitude… dernière épreuve après laquelle ils sont sans doute définitivement classés selon leurs mérites.

— Je vous dis que je ne vous comprends pas, Arthur ; et pourtant votre regard froid et ironique me fait mal, il me rappelle ce jour affreux où… Mais dites, qu’avez-vous ? Expliquez-vous, mon Dieu ! expliquez-vous ! que pouvez-vous me reprocher ? Ce projet vous dé-plait-il ? j’y renonce, n’y pensons plus ; mais, au nom du ciel, dites-moi ce que vous avez ? D’où vient ce changement ? Hier encore, ce matin, vous étiez si bon, si aimant… votre dernière lettre… était si tendre !  !…

— Hier et ce matin encore, j’étais un sot et un aveugle ; je suis peut-être tout aussi sot à cette heure, mais au moins j’ai les yeux ouverts.