Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mais à une espèce de monomanie aussi méchante qu’imbécile ; j’en souffrais affreusement, sans doute ; mais qu’importait cela ? Le fou furieux souffre aussi ; le mal qu’il fait est-il moins du mal.

Que dirai-je encore ? l’image de cette femme séduisante m’apparaissait plus belle, plus voluptueuse que jamais… Enfin, cette désolante vulgarité, qu’on ne connait le prix du bonheur qu’alors qu’on l’a perdu, fut le thème douloureux que mon désespoir varia sous toutes les formes.

Accablé par un regret aussi écrasant, que pouvais-je faire ?

Hélas ! lorsque l’homme est d’une nature si malheureuse, que l’amour, l’ambition, l’étude, ou les obligations sociales ne lui suffisent pas pour occuper son esprit et son cœur ; lorsque surtout il dédaigne ou méconnaît cette bienfaisante nourriture spirituelle que la religion lui offre comme un salutaire et inépuisable aliment ; son âme, ainsi privée de tout principe généreux, réagit à vide sur elle-même… alors les chagrins sans nom, les mornes et pâles ennuis, les doutes rongeurs, désespérants fantômes… naissent presque toujours de ces élucubrations ténébreuses, solitaires et maladives.