quelques plis du front révélaient la trace ineffaçable des soucis politiques, si sa pâleur trahissait la réaction dévorante et concentrée de cette ambition qu’Egmont cachait sous de frivoles dehors ; on voyait qu’une fois du moins, près de Claire, libre de tous ennuis, oubliant ses projets hasardeux, il venait rafraîchir sou front brûlant à la douce haleine de cet ange de dévouement et de candeur, qui, comme dit Goethe, avait si souvent endormi ce grand enfant. Le sourire du comte était plein de calme et de sérénité, ses yeux rayonnaient de confiance et d’amour ; sa pose, si allègrement débarrassée de la roideur de l’étiquette, était d’un abandon plein de grâce, tandis que ses deux belles mains pressaient avec tendresse les deux mains de Claire, accoudée sur les genoux de son Egmont qu’elle contemplait avec idolâtrie. Dans ce regard profond et admiratif de Claire on lisait enfin ces mots : « Moi, pauvre fille obscure… je suis aimée d’Egmont… du grand Egmont ! » Modestie naïve et enchanteresse qui rend l’amour de cette jeune fille à la fois si chaste, si humble et si passionné !
Quant aux accessoires de ce tableau, leur extrême simplicité avait été habilement calculée, afin de faire ressortir davantage encore la