Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/220

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défavorable, à moitié caché par la gigantesque et massive bordure d’un grand portrait. La toile de Frank était ce qu’on appelle un tableau de chevalet ; il pouvait avoir trois pieds et demi de hauteur sur deux pieds et demi de largeur.

Je l’ai dit, j’étais, à ma honte, arrivé devant celle œuvre avec des dispositions malveillantes ; mais ce qui tout d’abord, sans les effacer, me les fit oublier un instant, ce fut ma surprise et bientôt mon admiration involontaire, en reconnaissant la douce figure d’Hélène, qui avait sans doute posé pour le personnage de Claire !…

C’était Hélène ! dont le charme et la grâce indicibles étaient encore poétisés par la divine puissance de l’art, car lui seul peut donner aux traits qu’il reproduit, même fidèlement, ce caractère inexplicable, grandiose, presque surhumain, qui est peut-être aux traits vivants ce que la perspective historique est aux événements.

Plus j’examinais ce tableau, plus j’admirais malgré moi, et avec les angoisses d’une jalousie haineuse, un talent plein de fraîcheur, de mélancolie et d’élévation, joint à une haute intelligence de la nature et des passions.

Quant à Egmont, on ne pouvait voir une physionomie plus mâle et plus expressive. Si