Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/223

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bleau presque entièrement voilé de clair-obscur, car le coloris, bien que large, puissant et vigoureux, était d’une harmonie, d’une suavité merveilleuses ; dans les accessoires rien de vif, d’éclatant, de heurté, n’attirait les yeux. Claire était vêtue du costume noir et simple des jeunes Flamandes, et d’Egmont, de velours brun, brodé d’argent ; ainsi tout l’intérêt du regard, si cela se peut dire, se concentrait absolument sur ces deux admirables figures.

Je l’avoue, malgré mes préventions contre Frank, depuis le Charles-Quint de M. Delacroix, la Marguerite et le Faust de M. Scheffer, les Enfants d’Édouard de M. Delaroche, je n’avais peut-être jamais été plus profondément remué par l’irrésistible puissance du génie.

Sous l’influence de ce charme entraînant, ne pensant qu’à jouir de ce que voyais, je me laissais aller aux mille impressions que ce tableau éveillait en moi ; mais cette première effervescence d’admiration involontaire une fois calmée, mon envie revint d’autant plus cuisante, que je sentais mieux tout ce qu’il y avait de grand et d’élevé dans le talent du mari d’Hélène.

Je regardai sur le livret : ce beau tableau était encore à vendre. — Un pauvre cadre, dont,