Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/224

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malgré moi, la nudité me fit mal, entourait ce chef-d’œuvre à peine visible, et relégué à l’extrémité de la galerie, parmi toutes les misérables peintures qu’on exile de ce côté.

Je jugeai d’après cela du peu de renom de Frank ; sans doute arrivant d’Allemagne, sans appui et sans protection, il avait abandonné son tableau à tous les hasards de l’exposition.

Quelques grands et vrais talents meurent, dit-on, ignorés ou restent méconnus : je ne le crois pas ; une première chance peut n’être pas heureuse, mais le vrai mérite atteint toujours inévitablement son niveau. Cette réflexion, que je crois juste, je la fis alors en songeant avec amertume que tôt ou tard le remarquable talent de Frank serait révélé, et que son obscurité, dont j’aurais voulu me réjouir, ne devait être que passagère.

Je cherchai le numéro et les sujets des aquarelles, aussi indiquées sur le livret. Elles démontraient, comme le tableau, la poétique intelligence du peintre.

L’une était tirée du Roi Lear de Shakspeare ; l’autre encore de Goëthe, de son beau drame de Gœtz de Berlinchingen.

Non loin du tableau de Frank, je trouvai ces deux dessins de grande dimension.