Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/226

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que je me le rappelle, ont, hélas ! bien mal agi envers moi. »

Toute la tristesse craintive du pauvre vieux roi, toute la tendresse courageuse de Cordelia, respiraient dans ce beau dessin, profondément empreint du mélancolique et sombre génie de Shakspeare.

L’autre aquarelle offrait une vigoureuse opposition avec la première ; on y reconnaissait toute la rustique et sauvage énergie tudesque. Le lieu de la scène était la vaste et antique cuisine du château du vieux Gœtz, transformée en magasin et en hôpital pendant le siège de son habitation féodale par les troupes de l’empire. Élisabeth, femme de Gœtz, est occupée à panser la plaie d’un blessé ; tous les hommes sont aux remparts ; çà et là des enfants et des servantes s’occupent à fondre des balles ou à préparer des vivres pour les assiégés ; le vieux Gœtz vient d’entrer, sa physionomie rude, ouverte et belliqueuse, respire la bravoure et l’opiniâtreté indomptable de ce caractère de fer ; armé par-dessus son buffle, il a posé un instant son casque et son arquebuse sur une table massive de chêne, où est étalée la moitié d’un daim qu’on n’a pas eu le temps de dépecer. Gœtz passe une