Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/225

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Le sujet du premier était cette triste et touchante scène, dans laquelle la noble fille du bon vieux roi, Cordelia, épie le retour de la raison de son père, que la cruauté de ses autres filles ont rendu fou, et qui s’écrie : « Où suis-je ? est-ce la belle lumière du jour ? Je suis cruellement maltraité : je mourrais de pure pitié d’en voir un autre souffrir ainsi. — Oh ! regardez-moi, seigneur ! — lui répond la douce Cordelia. — Étendez vos mains pour me bénir… Non, seigneur, ce n’est pas à vous à vous mettre à genoux, » s’écrie-t-elle en retenant les mains de son père qui, toujours tremblant et égaré, veut s’agenouiller devant sa fille en disant : « Je vous en prie, ne vous moquez pas de moi ; je suis un pauvre bon radoteur de vieillard ; j’ai passé mes quatre-vingts ans, et pour parler sincèrement, je crains de n’être pas dans mon bon sens. — C’est moi, c’est votre fille ! — lui crie Cordelia en pleurant et mouillant ses mains de larmes. — Vos larmes mouillent-elles ? dit le vieux roi. — Oui, en vérité ! — reprend-il ; — oh ! je vous en prie, ne pleurez pas ! si vous avez du poison pour moi, je le prendrai ; je sais bien que vous ne m’aimez pas, car vos sœurs, autant