Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/229

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aux moindres relations un attrait qu’Hélène, femme d’une si exquise distinction, savait si bien apprécier. Me rappelant avec une méchanceté puérile combien peu j’avais rencontré d’hommes de talent ou de génie, qui eussent autant de charme et de noblesse dans les dehors que d’éclat et de splendeur dans l’intelligence, j’espérais que Frank ne ferait pas partie de ce petit nombre de privilégiés.

Le dirai-je ? ce fut avec une incroyable et anxieuse impatience que j’attendis la nuit, afin de me rendre devant les volets de la maison d’Hélène, et de voir si je m’étais trompé au sujet de Frank.

Rien de plus fou, de plus ridicule que cette sorte d’espionnage. Et d’ailleurs pourquoi tourner dans ce cercle fatal ? pourquoi aviver encore une plaie déjà si saignante ? Je ne sais, mais ma curiosité était insurmontable.

Je ne pouvais aller trop tôt devant la maison d’Hélène, de peur d’attirer l’attention des passants. Il était donc dix heures, lorsque j’arrivai sur ce boulevard solitaire.

La lumière jaillissait des petites ouvertures des volets, je m’en approchai doucement.

Le salon était éclairé ; mais d’abord je n’aperçus pas Hélène.