Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/230

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Près de la cheminée un homme dessinait à la clarté d’une lampe. Cet homme ne pouvait être que Frank.

En le voyant je me sentis déchiré par la jalousie et la haine, car cet homme me parut très-jeune et remarquablement beau.

La vive lumière de la lampe éclairait son profil, dont le noble contour offrait une ressemblance frappante et extraordinaire avec les traits de Raphaël à vingt-cinq ans ; sa bouche souriait à la fois sérieuse et douce, enfin les cils de ses paupières baissées étaient si longs qu’ils projetaient une ombre sur ses joues d’une pâleur délicate ; ses cheveux châtains, selon la mode des étudiants allemands, tombaient en nombreuses boucles sur son col, dont on pouvait voir la grâce et l’élégance ; car Frank portait une sorte de robe de chambre de velours noir, sans collet, serrée autour de sa taille par un cordon de soie pourpre ; enfin sa main blanche et allongée, qui de temps à autre agitait un pinceau dans un vase de cristal, était d’une admirable forme.

Rien de plus misérable, sans doute, que mon angoisse presque désespérée à l’aspect de la beauté de Frank. Mais les blessures secrètes et honteuses de l’orgueil, parce qu’elles atteignent