Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/236

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et commode, qui ne gênerait en rien l’inspiration nécessaire à de plus grandes œuvres ; d’assurer, dis-je, pour assez longtemps l’avenir de Frank et d’Hélène, et de délivrer ainsi ce noble jeune homme des tristes et affligeantes préoccupations qui souvent réagissent d’une manière fatale sur les plus beaux génies.

Je m’adressais de préférence a lord Falmouth, parce que, malgré sa réputation d’homme absolument blasé, et son dédaigneux et profond scepticisme de tout et de tous, il était le seul, parmi les gens de ma connaissance, à qui je pusse faire cette confidence délicate. J’avais d’ailleurs quelquefois remarqué chez lui, sans doute en raison de ce vulgaire axiome que les extrêmes se touchent, une grande propension, non pas à éprouver, mais du moins à contempler, si cela se peut dire, des émotions jeunes, naïves et heureuses.

Il était assez difficile de pénétrer chez lui avant quatre heures du soir, heure habituelle de son lever ; pourtant je fus introduit.

« Et d’où sortez-vous ? — me dit-il ; — depuis huit jours on ne vous voit plus nulle part. Je sais bien que madame de Pënâfiel est partie, mais vous n’êtes pas un homme inconsolable ;