Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/239

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De plus, il m’offrit de recommander très-instamment cet artiste à cinq on six très-grands connaisseurs de ses amis, qui devaient bientôt tirer mon grand peintre de l’obscurité, s’il avait véritablement le talent que j’annonçais.

J’allai donc le lendemain au Musée avec lord Falmouth, il avait lui-même beaucoup aimé les tableaux ; mais s’ennuyant de tout il y demeurait alors très-indifférent : pourtant il fut frappé de l’inappréciable talent qui se révélait si soudainement dans les œuvres de Frank ; il admira surtout le tableau de Claire et d’Egmont, l’apprécia avec une merveilleuse sagacité, et m’avoua qu’il s’était un peu défié de mon enthousiasme, mais qu’il était obligé de reconnaître là un très-grand peintre.

Lord Falmouth devait se rendre chez Frank le lendemain soir ; lui ayant écrit un mot le matin, pour savoir s’il pouvait le recevoir.

Sous prétexte de porter à lord Falmouth l’argent destiné à ces acquisitions, j’allai le trouver, poussé par le désir puéril de voir la réponse de Frank : elle était très-simple, mais très-digne, et non pas empreinte de cette prétentieuse modestie ou de cette obséquieuse humilité qui gâtent souvent les plus belles intelligences.