Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/27

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avec une femme de ses amies, elle vint prendre part à la conversation, et fit ce qu’il fallait, du moins je le crus, pour la généraliser : je ne dis pas un mot à madame de Pënâfiel, et, dès que je pus convenablement sortir de l’entretien, je saluai profondément et me retirai.

Quelques jours après elle se plaignit au comte, en plaisantant à ce sujet, de mon manque de savoir-vivre. Il répondit qu’au contraire j’étais extrêmement formaliste, et que je ne trouvais sans doute ni poli, ni convenable d’adresser la parole à une femme à laquelle on n’avait pas eu l’honneur d’être présenté.

Madame de Pënâfiel lui tourna le dos, et de quinze jours je n’en entendis plus parler.

Bien que ma curiosité fût extrême, je ne voulais, pour les causes que j’ai dites, m’avancer davantage. Je m’en tins donc à mon rôle, et je continuai de laisser croire au comte que je trouvais un grand charme dans l’affection que je possédais, et que, par faiblesse ou par attachement, j’avais promis de ne faire aucune démarche pour être présenté à une femme aussi séduisante et aussi dangereuse que madame de Pënâfiel, démarche qui d’ailleurs pouvait être couronnée d’un refus, que mon tardif empressement expliquerait du reste.