Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/43

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Après le thé, nous nous trouvâmes donc seuls, madame de Pënâfiel, lord Falmouth et moi ; j’oubliais, inaperçu derrière le fauteuil de la marquise, dans un coin écarté du salon, un jeune étranger de distinction, le baron de Stroll, qui semblait très-timide, et, par contenance, feuilletait depuis une demi-heure le même album : le jeune baron était très-rouge, avait les yeux fixes et serrait convulsivement son chapeau entre ses genoux ; lord Falmouth me le montrant, me dit tout bas, de son air gravement moqueur, ces mots si connus du visir Maréco au sultan Schaabaam, qui regarde des poissons rouges : « Soyez tranquille, il en a là au moins pour une bonne heure. »

Madame de Pënâfiel n’avait pas aperçu cet étranger, je le répète, placé derrière le très-haut dossier de son fauteuil, près d’une table couverte d’albums : car elle faisait trop bien les honneurs de chez elle pour l’avoir ainsi laissé esseulé.

Madame de Pënàfiel commença par adresser de très-gracieux reproches à lord Falmouth sur ce qu’elle le rencontrait si peu. À quoi il répondit modestement qu’il était par malheur si outrageusement bête et d’une niaiserie si terriblement communicative, que, sur cent personnes