Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/49

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âge d’or le malin esprit proposait un tel marché, dans huit jours le monde deviendrait une solitude, et peut-être que vous-même, madame, vous, lord Falmouth et moi, nous serions immolés bientôt à un caprice d’un de nos amis intimes, qui, au lieu de se donner la peine d’aller penser jusqu’au Groenland, nous ferait la grâce de nous traiter en voisin.

— Mais, j’y songe, — dit lord Falmouth ; — supposez qu’en effet les caprices et les désirs de l’humanité, à force de se satisfaire ainsi aux dépens d’elle-même, l’aient réduite de telle sorte qu’il ne reste plus que deux personnes sur un coin de terre : un homme qui aimerait passionnément une femme qui le détesterait ? et que Satan, suivant son système, lui dise : « — Mon marché est toujours le même : prononce le nom redouté, elle t’aimera, mais aussi elle mourra, et tu répondras de sa mort ; » — l’homme devrait-il dire le mot fatal s’il est amoureux ?

— Prononcer le nom serait prouver qu’on aime bien éperdument, — dis-je à lord Falmouth.

— Oui, si l’on est croyant catholique, — reprit madame de Pënâfiel, — parce que l’amour serait alors acheté au prix des peines