Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

éternelles ; sans cela, c’est de l’égoïsme féroce.

— Mais, madame, permettez-moi de vous faire observer que, puisqu’il s’agirait de Satan, il est évident que tout se passerait entre catholiques.

— Monsieur a raison, — reprit lord Falmouth, — et sa réflexion me rappelle l’exclamation d’espoir et de bonheur de ce malheureux naufragé qui, échappé de la noyade, s’écrie en voyant une potence dressée sur la terre où il aborde : « Dieu soit loué ! je suis au moins dans un pays civilisé ! — Mais, — ajouta lord Falmouth, — sérieusement, n’est-ce pas à se désespérer, quand on songe qu’il y a de nos jours des gens assez heureusement, assez magnifiquement doués pour passer encore trois ou quatre heures tous les matins à chercher à voir le diable !… à faire des évocations et des invocations !… J’ai dernièrement trouvé un de ces bienheureux-là, rue de la Barillerie… il est, je vous assure, pénétré de la conviction la plus profonde qu’il réussira un jour, et j’avoue que je lui ai envié de toute ma force cette occupation-là, d’autant plus qu’elle ne s’use pas. Or, un désir qui, soutenu par l’espoir, dure toute la vie, sans être jamais satisfait, me paraît singulièrement approcher du bonheur.