Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/59

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d’après quels considérants, l’organisation d’une police sociale destinée à surveiller, à dévoiler tout attentat aux mœurs privées, et qu’enfin on promulgue une loi qui punisse, je suppose, d’une amende de cinquante mille francs ce tendre délit dont les tribunaux retentissent tous les jours ; que cette amende soit doublée en cas de récidive, et non pas, ainsi que chez vous, monsieur, offerte comme un dédommagement honteux pour l’offensé, qui conserverait ici tous les droits de venger son honneur ; mais employée, je suppose, à l’éducation des enfants trouvés… afin que le superflu alimente le nécessaire.

— Et vous croyez, monsieur, — s’écria la marquise, — que l’ignoble crainte de payer une somme d’argent considérable rendrait la majorité des hommes moins attentifs, moins empressés auprès des femmes ?

— Je le crois tellement, madame, que je puis vous tracer à merveille les deux aspects très-différents d’un salon rempli des mêmes personnages la veille ou le lendemain du jour où une telle loi serait promulguée. La veille, vous verriez les hommes, comme toujours, souriants, épanouis, charmants, prenant leur voix la plus douce et la plus tendre pour développer