Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

suis pas encore bien remis ? — dit lord Falmouth.

— Ainsi qu’on fait dans votre pays, monsieur, en punissant d’une amende exorbitante toute infraction aux devoirs. Que voulez-vous ? dans notre époque toute positive, on ne redoute plus guère que ce qui vous atteint dans votre vie de chaque jour, dans votre bien-être ; et sous ce rapport l’amende appliquée au maintien des mœurs serait certainement le plus puissant levier social de l’époque. Ainsi, par exemple, supposez un moraliste profond, inexorable, décidé à rompre brutalement avec les faiblesses que le monde accepte ; un homme passionnément épris du devoir… ou, si vous l’aimez mieux, figurez-vous un homme très-laid, très-ennuyeux, et conséquemment très-envieux de certaines fautes charmantes qu’il ne peut pas commettre, et décidé à les poursuivre à outrance ; que cet acharné moraliste soit législateur par-dessus le marché, et qu’un jour il vienne faire à la Chambre le tableau le plus sombre de l’état des mœurs ; enfin qu’il demande et qu’il obtienne d’une majorité que, sans trop d’efforts d’imagination, vous supposez aussi composée de gens très-laids et très-ennuyeux ; qu’il obtienne, dis-je, je ne sais