Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— C’est infâme, — dit la marquise ; — sur cent hommes il n’y en a pas un qui penserait ainsi !

— Permettez-moi, madame, d’être d’un avis absolument opposé : je crois, de nos jours, les hommes impitoyablement attachés au bien-être confortable et matériel, et pouvant, et sachant, et voulant lui sacrifier tout, et, bien plus que tout le reste, ce qu’on appelle une passion de cœur.

— Vous pensez cela ? — me dit madame de Pënâfiel avec un étonnement profond. — Vous pensez cela ? Et quel Age avez-vous donc, monsieur ? »

Cette question me parut si étrange, si peu convenable, et il était d’ailleurs si difficile d’y répondre sans être extrêmement ridicule, que, m’inclinant respectueusement, je dis à tout hasard :

« Mon étoile m’a assez favorisé, madame la marquise, pour me faire naitre la veille du jour de votre naissance… »

Madame de Pënâfiel fit un mouvement de hauteur impatiente, et me dit d’un très-grand air : « Je vous parle sérieusement, monsieur !

— Et c’est aussi très-sérieusement, madame, que j’ai l’honneur de vous répondre ; la ques-