Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/92

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ainsi écrasée sous le poids de je ne sais quel chagrin terrible !

Après l’étonnement le plus vif, mon premier mouvement, je l’avoue, fut une contemplation douloureuse ; mon cœur se serra, lorsque je me demandai à quel inexplicable malheur pouvait être en proie cette belle jeune femme, en apparence si heureuse ?

Mais, hélas ! presque aussitôt, par je ne sais quelle désespérante fatalité, ma défiance habituelle, jointe à la réaction involontaire de cette réputation de fausseté qu’avait madame de Pënâfiel, me dit que peut-être j’étais dupe d’un tableau, et qu’il se pouvait que madame de Pënâfiel, m’ayant entendu venir, eut arranqé cette attitude si mélancoliquement affectée… Je dirai tout à l’heure dans quel but.

Je le répète, il était sans doute aussi fou que ridicule de croire à un calcul de coquetterie au milieu d’un chagrin qui semblait si écrasant ; mais, soit que son habitude de toujours vouloir paraître gracieuse eut réagi, presque malgré elle, jusque dans cette attitude en apparence si abandonnée a la douleur ; soit que le hasard l’eut seul arrangée, il était impossible de voir quelque chose de plus admirable que l’expression de ses yeux levés au ciel, que son touchant