Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je lui réitérai mille excuses, et j’allais me retirer, lorsqu’elle me dit :

« Pourtant, si la compagnie d’une pauvre femme, horriblement triste et nerveuse, ne vous effraie pas trop, restez, vous me ferez plaisir.

Lorsque madame de Pënâfiel m’invita de demeurer, et me dit qu’elle avait fait défendre sa porte (ce qui expliquait l’absence de ses gens d’intérieur dans le salon d’attente), je n’hésitai plus un moment à croire que la scène du crucifix n’eut été jouée, et que ses gens n’eussent eu l’ordre de ne laisser entrer que moi.

Ce beau raisonnement était sans doute le comble de la folie et de l’impertinence, cela était parfaitement invraisemblable. Mais je préférais être assez sottement vain pour soupçonner une femme que j’aimais, une femme de la condition de madame de Pënâfiel, de jouer pour me tromper une misérable comédie, que de croire cette femme capable de souffrir d’un de ces moments d’affreuse amertume contre lesquels on demande à Dieu aide et protection !

Si j’avais un moment réfléchi que moi, jeune aussi, et vivant aussi de la vie du monde, je ressentais souvent plus qu’un autre de ces cha-