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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/101

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ges noirs et ocreux ; la voûte du firmament reflétait dans les flots ces ténèbres opaques, et les vagues, perdant leur transparence d’azur ou d’émeraude, ressemblaient à des montagnes de vase marbrée d’écume.

La tempête sifflait dans les cordages par à-coups furieux et retentissants. Quoique impétueux, le vent était chaud ; les vagues qu’il fouettait, et dont les lourdes nappes venaient souvent déferler sur le pont du yacht, semblaient presque tièdes.

Bientôt le médecin monta. — Vous êtes imprudent, — me dit-il, — de quitter ainsi votre chambre.

— J’étouffais en bas, docteur ; le mouvement du navire me faisait beaucoup souffrir : il me semble qu’ici je suis mieux.

— Quel horrible temps ! — dit le docteur, — pourvu que nous puissions atterrir à Malte avant la nuit !

— Nous ne sommes donc pas éloignés de cette île ?

— Nous en sommes très-proches, seulement cette brume épaisse nous empêche d’apercevoir les terres. Avant une heure, la goélette va mettre en panne pour demander un pilote… pourvu toutefois que par un temps pareil on