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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/111

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La nuit était profonde.

Les lampes des boussoles, renfermées dans leurs boîtes de cuivre, formaient une pale auréole au pied du grand mat. Cette lumière éclairait seulement le timonier et le pilote, taudis que le reste du yacht et de l’équipage demeurait plongé dans une obscurité que le contraste de la lumière faisait paraître plus épaisse encore.

Ainsi reflétés en dessous par cette clarté, à peu près comme le sont les acteurs par la rampe de la scène d’un théâtre, les traits du pilote me parurent avoir un caractère étrange d’audace, de ruse et de méchanceté.

Quoique le temps fut affreux, quoique la proue du yacht fut à chaque instant couverte par les lames furieuses, de temps à autre je vis le pilote se frotter les mains avec une sorte de satisfaction farouche en souriant d’un rire singulier qui montrait ses dents blanches, aiguës et séparées.

Était-ce un sentiment tout contraire, je ne sais… mais dans ce moment il me semblait parfaitement reconnaître le pirate contre lequel j’avais lutté. Cette préoccupation devint telle que, malgré ma résolution de me taire à ce